Du terrain à l’institution : Philippe PINEAU, bâtisseur de ponts sociaux

Chef d’entreprise dans la formation professionnelle et mandataire à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie depuis 2009, Philippe incarne un engagement patronal durable et pragmatique. Il revient sur son parcours, ses missions et les raisons pour lesquelles les chefs d’entreprise ont toute leur place dans les instances de la Sécurité sociale.

 

Avant d’être mandataire, vous êtes avant tout chef d’entreprise. Quel a été votre parcours et qu’est-ce qui vous a amené vers cet engagement institutionnel ?

 

Je dirige quatre établissements de formation professionnelle dans les Alpes-Maritimes. Mon engagement à la CPAM remonte à 2009, au moment où le patronat est revenu siéger dans les conseils des caisses de Sécurité sociale. Y participer, c’est exercer pleinement notre rôle de partenaire social. J’ai poursuivi cet engagement, et je suis aujourd’hui chef de file et vice-président de la Caisse primaire depuis deux mandats.

 

Le terme “chef de file” est peu connu. En quoi consiste cette responsabilité ?

 

Les caisses sont des instances paritaires, composées de représentants des employeurs, des salariés et des usagers. En tant que chef de file, je coordonne les représentants patronaux et j’assure la cohérence de notre parole au sein du conseil. Cela suppose de travailler main dans la main avec les organisations syndicales pour construire des majorités stables et des décisions concertées. C’est un rôle d’animation, mais aussi d’équilibre : faire entendre la voix des entreprises tout en garantissant une gouvernance efficace.

 

Comment un mandataire patronal trouve sa place au sein de la CPAM ?

 

Le conseil d’administration de la CPAM a un vrai pouvoir de décision, notamment sur les budgets et les orientations d’action sociale. Les mandataires participent aussi à de nombreuses commissions : celles de recours amiable, où sont traitées les contestations des entreprises ou des assurés, ou encore celles d’aide sociale. Notre rôle, c’est d’être à la fois gestionnaires en veillant à la bonne utilisation des fonds publics et acteurs de terrain, capables de faire remonter les besoins réels des entreprises et des assurés.

 

Quelles compétences ou qualités sont indispensables ?

 

C’est un engagement flexible, qui s’adapte à la disponibilité de chacun. Il faut avant tout avoir le goût du dialogue social et le sens de l’intérêt collectif. Être mandataire, c’est savoir défendre une position sans esprit de confrontation, tout en restant vigilant sur la gestion des fonds publics. Et puis, il faut être force de proposition : faire évoluer des dispositifs, construire des solutions adaptées au terrain, et ne pas craindre d’apporter une vision d’entrepreneur dans un environnement institutionnel.

 

Au-delà de son rôle social, de quelle manière la CPAM contribue à l’économie locale ?

 

La CPAM intervient dans la prise en charge des arrêts de travail, dans les aides aux travailleurs indépendants ou les dispositifs de remplacement pour les artisans malades. Depuis la disparition du Régime Social des Indépendants, tous les statuts, salariés comme indépendants, relèvent du régime général. C’est donc un acteur qui touche tous les actifs. Une entreprise en bonne santé passe aussi par des salariés en bonne santé, et c’est tout le sens du rôle de la CPAM dans l’écosystème local.

 

Vous êtes engagé depuis plus de quinze ans, si vous deviez retenir une seule satisfaction de toutes ces années ?

 

Sans hésiter : avoir contribué à faire bouger une grande institution comme la CPAM sur des sujets de fond, notamment la politique d’action sociale. Quand je vois que nos propositions ont permis de financer des dispositifs pour les enfants handicapés ou d’aider des travailleurs indépendants malades, je me dis que notre action a été utile au territoire. Et c’est sans doute la plus belle récompense d’un mandat.

 

Quel message souhaitez-vous adresser à celles et ceux qui hésitent à franchir le pas de l’engagement patronal ?

 

Je leur dirais d’oser. Être mandataire, ce n’est pas une fonction technocratique, c’est une expérience humaine et citoyenne. On apprend, on contribue, et surtout, on agit. On donne du sens à son engagement patronal. Et quand on voit les projets qu’on a pu faire aboutir, on mesure que notre présence fait une vraie différence.